À propos de la Bibliothèque de menaces

Sommaire

Quoi qu'il arrive, nous faisons et continuerons de faire des erreurs dans la lutte contre des mécanismes d'oppression aussi puissants. Des erreurs qui « coûteront » toujours plus cher par rapport aux erreurs des flics qui sont « absorbées ». Nous devons évaluer à nouveau les situations et veiller à ce que les erreurs commises une fois ne se reproduisent plus. Nous devons étudier et apprécier l'expérience accumulée depuis tant d'années et, en tenant compte de la tendance à se préparer pour les batailles qui ont déjà eu lieu et non pour celles qui viendront, soyons prêt·e·s et que la chance soit avec nous…

camarades anarchistes de Grèce, dans un texte détaillant la surveillance qui a conduit à leur arrestation, 2013

Modélisation de menaces

La modélisation de menaces est un processus par lequel tu identifies de potentielles menaces en provenance de tes adversaires pour pouvoir ensuite identifier et prioriser les mesures d'atténuation que tu peux prendre face à ces menaces. La liste des menaces et leurs risques respectifs sont appelés modèle de menace.

Si tu fais des actions ou projets subversifs, tu as probablement déjà l'habitude de réfléchir à comment minimiser les risques posés par diverses menaces. La modélisation de menaces formalise ces réflexions pour les rendre plus organisées et systématiques.

La Bibliothèque de menaces

La Bibliothèque de menaces est un outil développé par le No Trace Project pour aider les anarchistes et autres rebelles à utiliser la modélisation de menaces dans leurs actions et projets. La Bibliothèque de menaces utilise quelques termes techniques avec lesquels tu voudras te familiariser :

La Bibliothèque de menaces contient de nombreuses informations sur les techniques répressives d'État. Cela peut avoir un effet paralysant, en faisant paraître l'État comme tout-puissant. L'État n'est pas tout-puissant[1]. L'intention de la Bibliothèque de menaces n'est ni de minimiser ni d'exagérer les capacités de l'État, mais plutôt de comprendre les options à sa disposition et comment ces options sont utilisées dans différents contextes.

Limites

La Bibliothèque de menaces a délibérement une approche très technique de l'anti-répression. La modélisation de menaces se fait au niveau des actions, et ne tente donc pas de contribuer à la question sociale, comment échapper à l'enfermement voulu par la répression, comment intervenir dans les tensions sociales, et ainsi de suite. Les luttes pour la liberté ne sont pas en premier lieu une affaire technique, mais une affaire sociale, et peuvent avoir des effets psychologiques et émotionnels. Autant que possible, nous t'encourageons à prendre du temps avant, pendant et après une action pour discuter avec toutes les personnes impliquées et t'assurer que les besoins émotionnels de chacun·e sont pris en compte.

La Bibliothèque de menaces cherche à répertorier d'une manière aussi complète que possible les menaces auxquelles les anarchistes et autres rebelles peuvent faire face, mais elle est pensée pour évoluer avec le temps et ne sera jamais exhaustive. Ceci est particulièrement vrai du fait que les adversaires peuvent développer des techniques nouvelles et inattendues. Pour éviter d'avoir un faux sentiment de sécurité en lisant la Bibliothèque de menaces, nous t'encourageons à utiliser d'autres sources d'information, à rester critique, et à toujours prendre en compte ton contexte personnel lorsque tu prends des décisions importantes.


1. 

En réalité, la grande majorité des actions directes anarchistes ne sont pas poursuivies en justice. Des enquêteurs frustrés de Bremen, en Allemagne et de Grenoble, en France ont lamenté dans les médias leur incapacité à réprimer un seul des incendies volontaires qui ont eu lieu dans les deux villes au fil des années, phénomène qu'ils attribuent aux mesures d'atténuation prises par les incendiaires.