Original text in English
Investigators' Dirty Tricks
Animal Liberation Front
web.archive.org
French translation
No Trace Project
Ce texte va te montrer les pièges que les enquêteurs fédéraux, d'État et locaux utilisent pour t'encourager à abandonner ton droit à garder le silence[1]. Il est conçu pour te préparer à leurs techniques sournoises tout en insistant sur l'importance de ne pas parler ou tenter de les duper.
Ne communique avec aucun agent. Déjà parce que c'est un crime fédéral que de faire une fausse déclaration à un agent du FBI ou autre enquêteur fédéral. En parlant tu risques de creuser ta propre tombe, puisqu'on pourrait t'inculper pour fausse déclaration si tu fais deux déclarations contradictoires, par peur ou par oubli.
C'est aussi très dangereux d'essayer de les duper. On les entraîne à soutirer des informations aux gens, et à coincer les gens qui leur mentent. Ils ont appris à faire parler les gens en leur faisant peur ou en les faisant se sentir honteux ou malpolis. Ils exploitent notre confiance, notre honnêteté et notre nature sensible pour obtenir des informations et nous harceler davantage. Ils préféreraient que tu leur mentes plutôt que tu ne parles pas, alors sois fort et reste silencieux !
Voici une liste de l'arsenal de sales coups que les enquêteurs utilisent contre les militant·e·s pour les pousser à parler :
- « Tes amis nous ont tout dit, pourquoi ne pas avouer toi aussi ? » Ils vont prétendre que tes ami·e·s t'ont déjà balancé·e pour te pousser à les balancer en retour. C'est généralement un mensonge — et puis, même si c'était vrai, en quoi est-ce que ça t'aiderait de témoigner contre toi-même ?
- « Si tu ne parles pas maintenant, on reviendra avec une subpoena[2]. » La plupart du temps c'est une menace en l'air. Ils t'interrogent sans subpoena parce qu'ils n'ont pas assez de preuves contre toi pour justifier une demande de subpoena auprès du tribunal. Si tu parles, ils pourraient obtenir ces preuves, alors c'est mieux de rester silencieux. Fais-les demander une subpoena. Au moins 90% du temps ils ne vont juste pas le faire. Et s'ils le font, il y a des moyens légaux et politiques de contester la subpoena.
- « Si tu parles on va y aller mollo avec toi. » Les agents vont te promettre la lune pour te faire parler. Toutefois, alors qu'ils font signer des aveux aux gens, remarque que eux ne signent jamais rien pour garantir qu'ils respecteront leurs promesses. Ils mentent. Ne crois pas leurs promesses.
- « On sait tout ce que tu as fait et on a toutes les preuves pour te condamner. » Si c'était le cas, alors ils t'inculperaient effectivement et te condamneraient. La plupart du temps c'est un mensonge, mais parfois ils vont te montrer ou te raconter les « preuves » qu'ils ont contre toi. Ces « preuves » auront souvent été obtenues illégalement — et ne pourront donc pas être utilisées devant un tribunal — ou seront des mensonges du genre « on a trouvé tes empreintes sur la vitre » qu'ils espèrent être assez crédibles pour te faire peur. Ils te montrent et te racontent des « preuves » dans l'espoir que tu cèdes et avoues. Parce que bien que leurs mensonges et « preuves » obtenues illégalement ne puissent pas être utilisés devant un tribunal, tes aveux, eux, peuvent l'être. Et ils les utiliseront comme la principale preuve pour te condamner. La morale de l'histoire c'est ne dis rien.
- « Tu as l'air d'être un gamin intelligent avec un futur prometteur. Tu ne voudrais quand même pas foutre en l'air ta vie pour ça ? » Ils font comme s'ils se souciaient vraiment de ton bien-être et étaient juste là pour t'aider. Mais, étonnamment, ils ne peuvent pas t'aider si tu ne les aides pas d'abord en parlant. La vérité c'est qu'ils s'en foutent. C'est juste une autre façon de te manipuler pour que tu parles.
- « Ces extrémistes font du mal à votre mouvement. Ils aliènent et énervent les gens. Aide ta cause en nous disant qui ils sont. » Ces « extrémistes » remportent tant de victoires que le gouvernement répressif et amoureux du statu quo ne le supporte pas et envoie ses agents pour écraser les « extrémistes » — que leurs tactiques soient illégales ou non. Ils essaient d'utiliser ton envie d'aider la cause contre tes propres camarades. Cette technique marche rarement contre les militant·e·s de base qui savent à quel point on peut être efficace, mais c'est un autre tour donc on devrait être conscient.
- « Je soutiens tes objectifs, juste pas tes tactiques (ou celles de tes amis) » ou « ma fille est de gauche. » À nouveau, ils vont faire comme s'ils soutenaient ta cause, mais sont obligés de faire respecter la loi — est-ce que tu ne pourrais pas aider ces braves sympathisants ? S'ils nous soutenaient vraiment, ils ne harcèleraient pas les militant·e·s qui travaillent à changer le système par des voies légales. Balancer celleux qui se battent pour la cause n'aide personne.
- « Si tu n'es pas coupable, pourquoi ne pas parler ? » C'est une de leurs tactiques les plus courantes. On a tou·te·s l'envie de se défendre, surtout quand on sait qu'on est innocent. Toutefois, ils vont attaquer et disséquer tout ce que tu dis, essayer sans relâche d'extraire de plus en plus d'informations — et si tu arrêtes de répondre à leurs questions parce qu'ils dépassent tes limites, ils vont dire « Tiens donc ! Maintenant tu ne veux plus parler ! On dirait qu'on vient de trouver la faille dans ton histoire ! » et essayer encore de te faire sentir honteu·x·se et de rallumer ton désir de t'innocenter. Mais même si tu es innocent·e, ne parle pas ! L'innocence d'un·e militant·e n'a jamais empêché les autorités de la condamner ou de l'enfermer. De plus, plus tu parles, plus tu risques de mentionner les noms d'autres gens, menant la police à plus de gens à harceler et interroger.
- « Tes soi-disant amis rigolent bien de toi. Ils t'ont poussé à faire ces choses et maintenant tu trinques pour eux pendant qu'ils s'en tirent. Ils t'ont utilisé et maintenant ils rigolent de toi. » Les enquêteurs vont essayer de te monter contre les « autres » réels ou imaginaires avec qui ils pensent que tu as conspiré. Ils diront que tes supposés « co-conspirateurs » t'ont utilisé·e, manipulé·e, et abandonné·e. Et ensuite ils vont te demander pourquoi est-ce que tu voudrais protéger de tels bons à rien qui t'ont maltraité·e et se foutent que tu te sois fait·e prendre et risques des années de prison. Ils essaient d'instiller des doutes dans ton esprit quant aux membres de ton groupe affinitaire tout en te donnant des raisons de les dénoncer. Encore une fois, c'est de la pure manipulation, alors ne parle pas. Toutefois, c'est bien de t'assurer que ton groupe affinitaire est constitué de personnes en qui tu as pleinement confiance et que tu respectes, pour que tu ne puisses jamais croire à de tels mensonges des autorités.
- Poser sans arrêt la même question. Les agents vont poser la même question de différentes manières de nombreuses fois. C'est souvent comme ça qu'ils piègent les personnes qui essaient de les duper. Ça les aide aussi à extraire plus d'informations auprès de celleux qui parlent et disent la vérité, mais font volontairement des réponses courtes. Et parfois ça sert juste à épuiser celleux qui ne disent pas la vérité, pour les pousser à enfin avouer. Ne crois jamais que les enquêteurs vont juste te poser quelques questions et te libérer. Plus tu donnes, plus ils prennent, et une fois que tu commences à parler ils vont faire tout ce qu'il faut pour que tu continues.
- Bon Flic/Mauvais Flic. C'est un grand classique. Ça permet à un flic d'utiliser toutes les techniques négatives listées ci-dessus (comme les menaces), pendant qu'un autre utilise les arnaques positives (comme les promesses). Ça leur permet d'utiliser tout leur arsenal contre toi. Parfois le Mauvais Flic paraît si énervé et instable que tu as peur qu'il s'en prenne physiquement à toi. Le Bon Flic le mène alors hors de la pièce pour qu'il « se calme ». Ensuite le Bon Flic s'ouvre à toi, et te promet une peine légère si tu parles, alors que si tu ne parles pas, le Bon Flic a peur que le Mauvais Flic revienne et mette à exécution ses menaces de violence — alors admet ta culpabilité pour qu'on évite ça. Encore une fois ce sont généralement des menaces en l'air, mais prépare-toi à la ruse du Bon Flic/Mauvais Flic.
Note du No Trace Project (NdNTP) : Ce texte est écrit dans le contexte des États-Unis mais peut s'appliquer à d'autres contextes.
NdNTP : Aux États-Unis, une subpoena est une décision de justice forçant une personne à coopérer avec les autorités sous peine d'une punition.